Aller au contenu
Accueil » Blog » Masturbation, tabou societal.

Masturbation, tabou societal.

Temps de lecture : 4 minutes

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais dans notre sociĂ©tĂ©, malgrĂ© la volontĂ© quotidienne de sortir de ce cloisonnement physique des personnes et de cette envie profonde de clamer que la sexualitĂ© est naturelle, il y a toujours un hic : on n’ose que rarement en parler.

En effet, qui a dĂ©jĂ  dit “ouais je me masturbe” par exemple. Vous ne le sortez probablement pas aux dĂźners de famille, ni mĂȘme Ă  vos potes, sauf les plus proches. Les requĂȘtes sur certaines vidĂ©os dans votre portable sont des trucs ouverts “pour voir” ou “pour dĂ©conner”, alors qu’en fait c’était vraiment pour vous, Ă  un moment trĂšs personnel… Mais aussi trĂšs naturel.

On estime que se tripoter est tabou.

Certes, le faire en public l’est, ou devant des personnes qui ne devraient pas voir ce que vous faites. Mais cela reste une option qui aide beaucoup de personnes dans la vie. Si ce n’était pas le cas, on n’aurait pas de jouets pour le faire. Le porno serait complĂštement morne et sans aucun essor. Et surtout, on ne serait pas Ă  dire que se touiller gĂ©nitalement apporte des endorphines et calme le mal de crĂąne!

Pour beaucoup de français(es), c’est mĂȘme souvent quotidien. Que ce soit le matin, dans le lit ou sous la douche, ou le soir, entre deux, c’est vraiment quelque chose que tout le monde fait. Oui, mĂȘme votre inspectrice des impĂŽts qui pourtant ne paie pas de mine.

Cela aide mĂȘme Ă  prendre conscience de son corps, Ă  apprĂ©cier se faire du bien et Ă  comprendre comment notre corps marche. On ne se trouve pas beau ou moche quand on se touche. On est juste nous, lĂ , avec nos pensĂ©es et nos envies, et notre extase au bout des doigts.

Le plus gĂ©nial dans l’équation, c’est que l’on peut le faire de tellement de façons diffĂ©rentes, cela nous appartient, comme notre corps, nos envies, notre psychĂ©.

Pourquoi est-ce tabou alors ? C’est simple. On est dans un monde invasif. Les gens, souvent Ă  l’aide des rĂ©seaux sociaux, n’ont plus de limites. Mais pas dans le bon sens. Chaque petit dĂ©tail personnel est intime est accaparĂ© par l’opinion, souvent mal compris et/ou dĂ©tournĂ©. Et par la suite conservĂ© et affichĂ©.

Prenons un exemple tout bĂȘte. Nikita Bellucci. Une ex-actrice de films pornographiques qui a aujourd’hui changĂ© de carriĂšre. Une femme brillante, intelligente, qui a certes eu une ancienne carriĂšre mais qui ne souhaite plus que l’on fasse sans cesse rĂ©fĂ©rence Ă  son passĂ©. Seulement, les gens n’ont pas la capacitĂ© cĂ©rĂ©brale pour le comprendre. Et elle se fait harceler, traiter, traĂźner dans la boue.

Un peu comme si les gens attribuaient le fait qu’elle ait eu une pĂ©riode oĂč elle Ă©tait nue Ă  l’écran pour son mĂ©tier comme le fait qu’elle aimait cela au point de n’ĂȘtre que cela, un sexe affichĂ© et touchĂ©.‹ On peut aussi faire le lien avec Clara Morgane, qui quand elle a eu son enfant, a eu “droit” Ă  un tombeau de saloperies sur son sujet, comme le fait qu’elle avait “enfin rĂ©ussi” Ă  tomber enceinte…

On le remarque aussi avec le blog sur lequel j’apporte mes petites pensĂ©es et mes Ă©crits. Rares sont les commentaires qui valorisent ce travail important apportĂ© sous vos yeux. Une femme qui teste des joujoux ce sera sans cesse un dĂ©filĂ© de “hmmm” et “viens DM” (entre autres).

Alors que mĂȘme si c’est subtil, on se souvient sans problĂšme de nos “premiĂšres fois”. Perso c’était en 2004, dans une fin d’aprĂšs midi. Une vidĂ©o avec une jeune femme brune. Tous mes copains de l’époque Ă©taient en train de se vanter de leurs tripotages, donc j’ai essayĂ©. Et ça m’avait bien fait marrer, malgrĂ© le fait que mon modem internet de l’époque avait eu du mal Ă  tĂ©lĂ©charger la petite vidĂ©o d’une minute et quelques.

Ensuite j’ai gardĂ© jalousement (et je le garde encore) mon dossier secret, englouti dans des sous dossiers, contenant toutes mes pĂ©pites collectĂ©es durant des tas d’annĂ©es. Mais il est cachĂ©, car si on tombe dessus, j’aurais probablement honte que l’on sache que j’aime les jeunes femmes aux longs cheveux et aux poitrines gĂ©nĂ©reuses, ou alors les femmes qui aiment l’onanisme au point de produire de vĂ©ritables geysers. Parce que cela tranche avec ma personnalitĂ©.

Par la suite, on s’amĂ©liore, on tente d’autres trucs, on expĂ©rimente et on dĂ©couvre. On peut mĂȘme se faire toucher par quelqu’un d’autre. Comme avec mon ex, qui me touchait d’une maniĂšre diffĂ©rente, parce qu’elle avait une autre technique. Pareil pour moi quand je le faisais sur elle, avec mes propres techniques. On Ă©tait heureux, quand dĂ©coiffĂ©s et le sourire aux lĂšvres, les muscles encore tendus, on se retrouvait dans les bras l’un de l’autre aprĂšs avoir connu l’extase.

L’extase. C’est beau comme truc. C’est toujours mieux que nos journĂ©es de travail non ? Que les morts, la guerre et la famine… Mais non. Une femme en petite jupe sera toujours non pas une magnifique jeune femme qui aime cette robe et ce qu’elle donne comme image de son corps en la portant, mais une “ehh psst toi lĂ  t’aime la b...” On est pas sortis du sable.

C’est un peu comme cette collĂšgue, qui passe pour une personne extrĂȘmement douce, timide, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours habillĂ©e sagement, sans excentricitĂ©s. Elle est pourtant, une fois dans l’intimitĂ©, un des plus beaux bijoux qui existent. Une de ces personnes avec qui passer une nuit ou autre est un moment oĂč l’on a l’impression de chevaucher une Ă©toile filante. Une fois son chignon dĂ©fait elle est capable de se faire du bien sans aucun tabou, sans aucune limite mĂȘme. Mes draps s’en souviennent encore, et j’ai toujours des frissons en bossant avec elle de nos jours.

Sans compter que pour beaucoup, le sexe est rĂ©putĂ© comme sale. Une femme doit ĂȘtre ceci, doit ĂȘtre cela, quand elle a ses rĂšgles c’est sale, il y a des maladies, ça sert que pour le pipi, pour le bĂ©bĂ©… premiĂšrement, prenez quelques cours d’anatomie (vous trouverez plus facilement le clitoris d’ailleurs), deuxiĂšmement, mĂȘme si vous sexez pendant les rĂšgles, ou mettez vos doigts ou autre dans une femme ou dans un homme, en vous protĂ©geant, jamais cela ne dĂ©passera l’objet premier de ce que vous ĂȘtes en train de produire : du plaisir et de l’intimitĂ©.

Et attention, je vais vous donner un scoop : on est tous et toutes fichu(e)s pareil. A quelques exceptions prĂšs Ă©videmment, mais on cherche tous du plaisir, avec le mĂȘme corps, avec certainement les mĂȘmes techniques.

Que faire alors ? Conserver le fait que l’on se fait du bien pour nous ? Probablement. Parce que le monde n’est pas encore prĂȘt. Mais pourtant dans l’intimitĂ© il l’est. Dites vous bien que mĂȘme les stars le font, mais elles ne le disent pas, pour ne pas ĂȘtre jugĂ©es ou calomniĂ©es.

Gardons nos petits secrets mais partageons les Ă  fond, dans les possibilitĂ©s offertes dans nos vies, parce que c’est quelque chose d’unique, de secret, mais de terriblement beau.

Monsieur M.

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *