Vous avez été nombreuses sur Instagram à me demander un article sur l’entretien des culottes menstruelles et des serviettes hygiéniques lavables. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle beaucoup d’entre nous hésitent à franchir le pas des règles zéro déchet. La plupart d’entre nous ont été conditionnées pour voir le sang comme quelque chose de sale, qui tâche, et qui doit être caché.
Le sang, ce n’est pas sale.
Nos règles sont naturelles et signe d’une bonne santé. Ne pas les avoir serait plutôt inquiétant! Je ne sais pas d’où vient cette manie de voir ce sang comme sale. Enfin, je pense avoir quelques idées, mais je ne sais pas vraiment si c’est exactement ça… Du coup, le fait de voir le sang menstruel en horreur et d’avoir des difficultés à le laver a poussé la génération de nos parents à passer au jetable. La première serviette hygiénique jetable a été commercialisée en 1963! Mais ont-ils pensé une seconde aux dégâts que ces serviettes jetables pouvaient provoquer pour l’environnement et la santé? Visiblement non.
La nocivité du jetable
Pour l’environnement
Le fait que les serviettes jetables (viens on abrège en SHJ) soient une catastrophe en terme de pollution n’est plus un secret. Elles ne sont évidemment pas recyclables, et sont donc dans la nature et mettront près de 500 ans à se dégrader naturellement. La toute première SHJ est peut être encore un bon état sur une plage, qui sait! Rien que pour cette raison, qui peut encore accepter en toute conscience d’utiliser une SHJ? Il y a tellement d’autres alternatives saines pour l’environnement!
Pour le corps
Niveau nocivité pour l’humain, les SHJ sont également assez fortes. Savais-tu qu’en Indonésie, ces serviettes servaient de drogue? En effet, ils font bouillir les serviettes pour recueillir le gel. Et ce gel, une fois ingéré, donnerait des effets planants… Sachant que les muqueuses qui touchent la serviette sont de formidables portails pour faire passer les cochonneries dans ton corps, c’est fantastique non? Cela en dit long sur la composition des dites serviettes qu’on nous montre tous les jours en spot TV ou qu’on nous impose en échantillons sur Showroom Privé par exemple. On nous vante ces produits comme étant bons pour nous alors que c’est complètement faux! Si c’était vraiment bon, les fabricants nous mettraient à disposition la composition précise de leur camelote. Mais ils ne le font pas, évidemment. Génial non?
Passons au vif du sujet : l’entretien des solutions lavables.
La serviette hygiénique lavable
Pour la serviette hygiénique lavable, on abrègera en SHL.
Après avoir essayé plusieurs marques, j’ai maintenant assez de recul pour pouvoir partager une routine lavage correcte et simple. Je lave mes serviettes principalement à la main, je ne les passe que très rarement en machine. Quand je suis chez moi la journée et que je me change, je réserve ma serviette utilisée dans un bac prévu à cet effet. Le soir avant d’aller me coucher, je nettoie les deux serviettes de la journée pour pouvoir les réutiliser le surlendemain, le temps du séchage. Une serviette se nettoie en 5 minutes en général.
- Je commence pas faire tremper mes serviettes dans de l’eau froide à ambiante. Surtout pas de l’eau chaude, qui cuirait le sang et incrusterait la tâche. Je frotte sans savon, je brasse, j’essore… Pour faire partir le plus de sang liquide possible
- J’utilise un savon détachant bio (celui-ci précisément, trouvé en magasin bio) sur la tâche, et je frotte, je brasse… Attention tout de même à ne pas frotter trop fort pour ne pas abîmer le tissu. Je laisse poser sur le rebord de mon bac les serviettes trempées de détachant, le temps de me doucher.
- Quand je sors de la douche, je finis le lavage au Savon de Marseille en frottant à la main. Je frotte, je brasse, j’essore… Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Je rince bien jusqu’à être sûre que la serviette ne comporte plus de savon.
- Je mets ensuite ma serviette à sécher dehors au soleil dans l’idéal, sinon à l’intérieur.
Astuce: Le soleil a un léger effet blanchissant, qui peut te sauver une serviette légèrement jaunie par les tâches de sang.
Même si le savon de Marseille est vivement déconseillé par la plupart des marques, je l’utilise quand même. Il n’est pas conseillé car il est plutôt gras et boucherait les pores de la serviette, la rendant imperméable et donc inutile.
Tu peux quand même utiliser le savon de Marseille si ton savon est un vrai savon de Marseille et que tu sais comment venir à bout du problème de l’imperméabilisation de ton tissu.
Attention: prenez un vrai savon de Marseille. Le seul correct qui existe vient de chez Alepia. Les autres sont nuls et une pure arnaque: ils ont de l’huile de coco (coprah), de l’huile de palme, parfois du gras animal (Tallowate) et donc oui, ils sont trop gras et peuvent abîmer vos serviettes.
Le vrai savon de Marseille n’a que ces trois ingrédients: Sodium olivate (huile d’olive saponifiée), aqua (eau), sodium hydroxide (traces de soude extraite du sel marin). Rien d’autre. Ce savon est donc ok pour vos serviettes, boycottez le reste. Il est vert, ne sent pas très bon et ne contient qu’une seule huile, celle de l’olive.
Plus aucune savonnerie ne fait de vrais savons de Marseille, même pas les grandes savonneries telles que le Fer à Cheval ou Rampal Latour. Ils ont tous tué leurs recettes en ajoutant de la coco et de la palme. Vérifiez toujours la composition de votre savon pour ne pas abîmer vos serviettes et vos culottes.
La culotte menstruelle
Le nettoyage de la culotte menstruelle est presque identique au lavage de la serviette hygiénique, à une seule différence: vu que le fond de la serviette est noir, je n’utilise pas le savon détachant. Je nettoie directement au savon de Marseille la culotte à la main le matin pour ma culotte de la nuit, et le soir pour ma culotte de la journée. Trois culottes sont normalement suffisantes pour avoir un bon roulement, si tu tiens bien ta routine. Fais toujours sécher ta culotte à l’air libre, jamais en sèche linge. Une culotte menstruelle se nettoie en moins de 5 minutes.
Si jamais ta protection tissu est encrassée?
Autant on parle décrassage pour les couches lavables, autant on en parle pas du tout pour les SHL ou les culottes… Alors qu’elles méritent le même soin, et peuvent aussi être encrassées. Le tissu encrassé est le tissu qui a ses pores bouchés par les produits nettoyants pas forcément adaptés, par les impuretés qui ont pu être mal nettoyées qui s’accumulent… et qui finalement rendent le tissu imperméable.
Pour reconnaître un tissu encrassé, il faut que l’eau perle sur le tissu et ne soit pas absorbée. Tu peux faire ce test de temps en temps pour t’assurer que ta serviette ou ta culotte sera efficace quand tu auras besoin de la porter. Je fais régulièrement ça pour tester et je n’ai jamais eu aucun souci. Cependant, si ton tissu n’absorbe plus, tu as deux solutions qui s’offrent à toi.
- SOLUTION 1: Passe ton tissu à la machine à laver, sans lessive à 60°C. Laisse le sécher, et refais le test. L’astuce de la machine à laver suffit normalement pour enlever le surplus de savon non adapté aux serviettes pour reprendre une utilisation normale.
- SOLUTION 2: LE DÉCRASSAGE COMPLET. Le nom est barbare, mais nécessaire si ta lessive fait perler l’eau sur ton tissu. Commence par mettre des tissus dans un bac d’eau chaude. Saupoudre le tout de cristaux de soude (2 cuillères à soupe) et d’un peu de vinaigre (mais très peu pour ne pas abîmer les élastiques des culottes, si tu décrasses une culotte). Mélange le tout avec un ustensile qui ne soit pas en métal et laisse poser une nuit. Le lendemain, passe ton linge en machine à 60° et essorage à 1000tr/minutes maximum.
Après ça, tes culottes lavables et tes serviettes seront comme neuves! Il est possible que les couleurs fassent un peu la tête au bout d’un moment, mais c’est normal. L’essentiel est que ta SHL ou ta culotte absorbent bien tes règles!
J’en ai marre d’avoir été élevée par cette génération qui a vu le jetable comme une révolution, sans se soucier des conséquences que cela entraîne de façon inévitable. C’est maintenant à notre génération d’inverser la tendance, de penser au futur, et de consommer avec l’état de conscience que nos parents et grands parents n’ont pas forcément eu quelques décennies plus tôt. On a tous 5 minutes de disponible pour nettoyer une serviette hygiénique ou une culotte. Il y en a marre d’opter pour la facilité qu’est le jetable à cause de la flemme et de faire l’autruche sur les dégâts qu’on inflige. J’en ai marre de ces gens qui me disent en rigolant “tu reviens à l’époque de Cro-Magnon lol” en me ridiculisant parce que je veux réduire le plus possible mon impact environnemental. L’évolution ne va pas toujours de paire avec pollution, elle devrait être l’inverse! La flemme et les conséquences, les déchets… Pour moi, ce n’est pas une évolution. Arrêtons d’être responsables des plages pleines de merde.
Les serviettes que j’utilise:
Lulu Nature Coton et Chanvre, Plim classique Medium et Nuit, Dans ma Culotte Flux Abondant, Normal et Protège-Slip. Détails ici.
Sources:
Journal des femmes, Wikipédia, blog Lapetitecrevette, Lillynappy, gifs